mercredi 11 décembre 2013

Arrive un vagabond de Robert Goolrick.

Salut les poussins,

Aujourd'hui:

Arrive un vagabond de Robert Goolrick.

C’est au cours de l’été 1948 que Charlie Beale arriva à Brownsburg.
D’abord, il s’éprit de cette ville paisible de Virginie dont les habitants semblaient vivre dignement, dans la crainte supportable d’un Dieu qu’ils avaient toutes les raisons de trouver plutôt bienveillant à leur égard.
Il n’y avait encore jamais eu de crime à Brownsburg.
La deuxième fois que Charlie tomba amoureux fut le jour où il rencontra la belle Sylvan Glass…
Il est de ces romans que l'on voit et qu'on sait tout de suite qu'ils vont nous plaire. Cela m'arrive rarement, ces coups de foudre littéraires, mais ça arrive. Ces derniers jours, deux sorties des Editions Pocket avaient grandement attiré mon attention: Ce fameux Arrive un vagabond mais aussi Dernier été à Mayfair de Theresa Révay. Comme par hasard, je passai par la librairie quand je tombai sur le premier. Et zoup, dans ma main. Le deuxième.. a été commandé. Je suis faible, je sais. Mais cette lecture a encore une fois prouvé qu'écouter son instinct peut être une excellente chose parce que ce roman est beau. Beau et tragique. 

L'histoire se déroule à Brownsburg en Virginie en 1948. Brownsburg, petit village de 538 habitants - .. et ce nombre variait rarement, les naissances équilibrant à peu près les décès. - des plus classiques, bloqué à une époque sans violence (jamais aucun meurtre) et sans divorce. Les gens se contentent d'y vivre sans y être heureux car la question du bonheur ne se pose tout simplement pas. Trop compliqué, trop dangereux.

Dangereux, Charlie l'a tout de suite été aux yeux des habitants. Un étranger, un homme qui débarque d'on ne sait où mais qui s'intègre plus ou moins grâce à sa discrétion et à sa gentillesse sans faille. Malheureusement Charlie est un homme, un homme qui deviendra l'esclave de ses pensées envers Sylvan, une jeune femme mariée achetée par son époux pour la modique de trois mille dollars lorsqu'elle n'avait que seize ans.

Sylvan, elle, n'est pas une femme ordinaire. À 19 ans, elle reste la campagnarde vulgaire qui se prend pour une starlette d'Hollywood. Des vêtements qui ne conviennent pas à son lieu de vie et un accent travaillé en écoutant la radio depuis qu'elle est enfant, on ne peut pas dire qu'elle ait un tant soit peu essayé de s'intégrer. Mais en a-t-elle vraiment envie? Elle déteste sa vie.. Charlie changera-t-il ça?

C'est une tragique descente aux enfers, on sent dès les premiers mots une odeur de drame dans l'air. On sait que cela finira mal, il ne peut en être autrement. La société de l'époque l'oblige mais aussi et surtout les sentiments. 

Qui est vraiment Charlie Beale, notre héros? Voilà une question à laquelle il est difficile de répondre. On sent qu'il a vécu, en arrivant à Brownburg avec son pickup et sa valise plein d'argent. Mais au final, peu importe son passé, seul compte son amour dévorant pour cette jeune femme à laquelle il est plus que difficile de s'attacher. C'est par elle que le malheur vient, elle laisse dans son sillage une tristesse sans fin. Le plus difficile fut des les regarder entraîner dans leurs problèmes un enfant, un simple petit garçon. Un petit garçon qui va y laisser des plumes, à se mêler des histoires de grands. On le voit changer, ce petit être joyeux qui peu à peu devient colérique et complètement perdu. J'ai été conquise par Charlie que l'on voit se débattre de tout son coeur contre ce qui le dévore et j'ai détesté Sylvan qui n'a jamais rien compris. Tout cela n'était qu'une façon de plus de jouer un rôle, de se prendre pour une grande. Elle s'aime trop pour s'abandonner, elle est ailleurs, dans son monde.

Nous y voilà, se dit-il. C'est la seule chose qui compte. Cette violence qui lui électrise l'esprit, cette douceur dans ses mains puissantes qui se meuvent lentement sur ce corps de femme, et cette gratitude dans son cœur. Qu'elle le laisse la toucher, qu'elle s'ouvre à lui. Rien que ça, ce frisson qui lui parcourt l'épiderme, comme la brise faisant friser sur l'étang des écailles argentées. Un frémissement des nerfs, un embrasement de la peau et la moiteur sur tout son corps, des épaules jusqu'au creux des reins, mouillé sous ses mains à elle, aussi immobiles que celles d'un enfant. 
Il y a soixante ans, ce lit, dans ce lieu, à cette heure où le soleil décline, où le ciel s'enflamme avant de virer au mauve lavande, puis au bleu. Mais aussi ici et maintenant, dans l'immuabilité du souvenir, un instant figé qui ne pourra être recréé. Le cycle éternel d'un sentiment totalement neuf, où l'on abandonne quelque chose de cher, qu'on a bâti et conservé dans le but de l'offrir un jour. Et dans ce mouvement d'offrande, ce qu'on donne est au-delà de l'argent ou du labeur, et de qu'on prend est au-delà de la cupidité ou du vol. 

Je dois avouer que ce n'est pas exactement le genre d'histoire qui me plaît, à la base, je dois même dire qu'il s'agit sans doute de la première. J'aime l'allégresse et peu la tristesse même si les amants tragiques sont délicieusement.. passionnants. Ici, c'est plus que ça, plus qu'une histoire d'amour. C'est une époque, un village, un enfant. Une espèce de bulle hors du temps.

Parce qu'en cet instant, dans la fraîcheur qui les entoure, elle est la seule femme que la terre ait portée, la seule qu'il ait jamais touchée, à qui il ait raconté avec son corps tous les secrets qui palpitent dans son cœur, chaque jour, et les choses qu'il se rappelle, et aussi celles qu'il a oubliées depuis longtemps. 
Mais c'est ici, et maintenant. Elle n'est pas la première mais elle est l'unique, et le goût de sape au est éternellement neuf pour lui, chaque souffle d'elle est une bonté comme il n'en avait jamais espéré et qu'il ne mérite pas.

Un roman à découvrir par soi-même car il est trop étoffé pour en dire tout ou presque. Ce sont des sentiments bruts, intenses et tristes. Une excellente découverte qui mérite son prix de meilleur roman par les lectrices de Elle.

Des bisous! 

2 commentaires:

  1. Il est dans ma wish et ton billet ne convainc de l'ajouter à me liste de noël !

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  2. Je n'ai pas vraiment aimé cette lecture...

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